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Contribution française
au Livre Orange Européen
L'intégration
économique européenne

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1-
Antécédents
historiques :

A. Dès la fin de la seconde guerre mondiale,
Churchill, dans son discours de Zurich en septembre 1946, appelle à
la création des "Etats-Unis d'Europe", sous la protection
de la "puissante Amérique", dont la première étape
serait la réconciliation franco-allemande.
C'est ainsi que se créé l'Organisation européenne de
coopération économique (OECE), destinée à répartir
l'aide américaine allouée dans le cadre du Plan Marshall.
Ce premier pas des capitaux américains en Europe sera suivi d'une organisation
européenne supranationale, la Communauté européenne du
charbon et de l'acier (CECA), à laquelle participent la Belgique, les
Pays-Bas, le Luxembourg, l'Allemagne, l'Italie et la France.
B.
Naissance de la CEE :
L'échec
en 1954 de la Communauté européenne de Défense (CED),
qui aurait posé les fondements d'une Europe politique, décide
les six membres de la CECA à relancer la construction européenne
en poursuivant des objectifs économiques. En 1957, les traités
de Rome fondent la Communauté économique européenne et
Euratom (Energie atomique).
Le préambule du Traité instituant la
CEE signale que les institutions économiques, parce qu'elles doivent
contribuer à la prospérité et à la croissance,
sont les plus sûrs moyens de réaliser l'objectif politique d'ultime
union entre les peuples, seul à même de préserver la paix
et la liberté !
La finalité de la CEE est de créer entre
tous les membres un marché où biens, services, capitaux et personnes
circuleraient librement (ce sont les quatre "libertés" énoncées
à l'article 3 du Traité).
Ce marché commun suppose trois réalisations
: une union douanière, des politiques communes et la libre circulation
des services, des capitaux et des personnes.
Notons, avant de passer à la situation actuelle, que la paix et
la liberté, objectifs politiques "ultimes", passent par la
soumission aux lois du "marché" !

2. La situation
actuelle

L'ensemble des propositions
des Traités de Rome de 1957 sont, à ce jour, réalisées.
Il est important de souligner que les lois du marché ont connu un développement
et une sophistication à travers, d'une part, l'Acte Unique de février
1986 qui supprime les frontières fiscales (différence de TVA
d'un Etat à l'autre), techniques (normes sanitaires et techniques propres
à chaque Etat, monopoles publiques nationaux) et physiques (contrôles
en douane) et, d'autre part, le traité de Maastricht, dont les objectifs
sont la libération des mouvements des capitaux, l'achèvement
du marché unique et un début de convergence économique
et monétaire, entré en vigueur en novembre 1993.
L'intégration économique de la France
dans l'Union européenne se révèle être une soumission
de celle-ci aux lois du marché, qui met en évidence la dépendance
du politique à l'économique. En effet, le seul critère
qui vaille en matière politique est la conformité aux décisions
de l'UE, donc aux lois économiques. Alors, il semble utile de préciser,
de clarifier le bilan de cette politique économique :
En
matière de produit intérieur brut (PIB), la tendance globale
est vers une évolution négative, et ce depuis 1996, pour l'ensemble
des pays membres.
L'inflation,
quant à elle, n'augmente que très lentement.
Le
commerce international signale une tendance globale négative par un
ralentissement du rythme de croissance des exportations et un fléchissement
des importations.
La
demande intérieure enregistre une tendance à la stagnation qui
dénote une évolution négative.
En
résumé, il ressort que l'intégration économique
européenne, décidée par les traités de Rome de
1957, a généré une uniformité des problèmes
liés à l'économie de marché et que le seul avantage
que peut en retirer un état membre est de se sentir moins seul au moment
d'affronter le fracas de l'écroulement de ce système "néolibéraliste".
En effet, la contradiction originelle entre le projet
de développement économique et l'aspiration à un objectif
politique commun d'union entre les peuples éclate maintenant au grand
jour.
A savoir :
le capital mondial ne respecte pas les règles péniblement instaurées
au cours de ces quarante-deux années de construction européenne,
et c'est pour cela que l'intégration européenne ne fonctionne
pas, c'est pour cela que le chômage augmente sans limite, que la dette
publique de l'ensemble des états membres atteint de tels records, que
son montant exact relève d'un véritable "secret-défense",
que l'Europe sociale s'avance résolument vers un moins-disant social,
où l'acteur de la richesse des diverses entreprises de l'UE, le travailleur,
est tout juste invité à devenir "actionnaire" minoritaire
de son entreprise à un prix inférieur en moyenne de 3 % à
celui que paient ceux qui se l'approprient avec l'argent gagné par
la spéculation.

3. Propositions

Face
à cet échec, le Parti humaniste en France s'inspire des positions
prises le 4 mai 1993 dans le Document Humaniste publié dans "Lettres
à mes amis" de Silo (Editions Références) et plus
particulièrement, pour fonder ses propositions de changement radical,
du fonctionnement économique européen, sur le chapitre I.
" I. LE CAPITAL MONDIAL
:
Voici
la grande vérité universelle : l'argent est tout. L'argent est
gouvernement, loi, pouvoir. Il est fondamentalement subsistance. Mais en plus,
il est l'Art, la Philosophie et la Religion. Rien ne se fait sans argent ;
on ne peut rien sans argent. Il n'y a pas de relations personnelles sans argent.
Il n'y a pas d'intimité sans argent et même le choix de la solitude
en dépend.
Mais la relation avec cette "vérité universelle" est
contradictoire : la majorité des gens ne veulent pas de cet état
de fait. Ainsi, sommes-nous face à la tyrannie de l'argent. Une tyrannie
qui n'est pas abstraite car elle a un nom, des représentants, des exécutants
et des procédés indubitables.
Aujourd'hui,
il ne s'agit plus d'économies féodales ni d'indus tries nationales,
ni même d'intérêts de groupements régionaux. Aujourd'hui
il s'agit, pour ces survivants historiques, d'accommoder leurs biens aux impératifs
du capital financier international. Un capital spéculateur qui se concentre
mondialement de façon progressive. Même l'Etat national a besoin
de crédits et d'emprunts pour survivre. Tous mendient l'inves tissement
et fournissent des garanties pour que la banque assume les décisions
finales. Le temps où les entreprises elles-mêmes, ainsi que les
campagnes et les villes, deviendront la propriété incontestable
de la banque va bientôt arriver. De même qu'arrivera le temps
du Para-Etat, temps où l'ancien ordre sera anéanti.
Parallèlement, l'ancienne solidarité
disparaît. En définitive, il s'agit de la désintégration
du tissu social et de l'apparition, malgré la pénurie générale,
de la déconnexion et l'indifférence entre des millions d'êtres
humains. Le grand capital domine non seulement l'objectivité par le
contrôle des moyens de production, mais aussi la subjectivité
par le contrôle des moyens de communication et d'information. Dans ces
conditions, le grand capital peut disposer, à son gré, des ressources
matérielles et sociales, dégradant la nature irrémédiablement
et écartant progressivement l'être humain. Pour cela, il dispose
de technologies suffisantes. Et de même qu'il a vidé de sens
les entreprises et les Etats, il en vide aussi la Science, la transformant
en technologie produisant la misère, la destruction et le chômage.
Les
humanistes n'ont pas besoin de beaucoup d'arguments pour étayer le
fait qu'aujourd'hui le monde dispose de conditions technologiques suffisantes
pour résoudre, en peu de temps, les problèmes touchant de vastes
régions, à savoir : le plein emploi, l'alimentation, la salubrité,
le logement et l'instruction. Si rien n'est fait dans ce sens, c'est tout
simplement que la spéculation monstrueuse du grand capital l'en empêche.
Le
grand capital, ayant épuisé l'étape de l'économie
de marché commence à imposer sa discipline à la société
pour affronter le chaos que lui-même a produit. Face à une pareille
irrationalité, ce ne sont pas les voix de la raison qui se lèvent
dialectiquement mais plutôt les plus obscurs racismes, fondamentalismes
et fanatismes. Et si ce néo-irrationalisme vient à diriger des
régions et des collectivités, la marge d'action des forces progressistes
s'amenuisera de jour en jour. Par ailleurs, des millions de travailleurs ont
déjà pris conscience aussi bien des irréalités
du centralisme étatique que de l'hypocrisie de la démocratie
capitaliste. Ainsi, les ouvriers se dressent contre leurs dirigeants syndicaux
corrompus, tout comme les peuples remettent en question leurs partis politiques
et leurs gouvernements. Mais il faut donner une orientation à ces phénomènes
qui, autrement, s'enliseront dans des actes spontanés sans aucune continuité.
Il faut débattre au sein du peuple des thèmes fondamentaux concernant
les facteurs de production.
Selon les humanistes, les facteurs de production sont le travail et le capital.
La spéculation et l'usure sont en trop. Dans la situation actuelle,
les humanistes luttent pour que la relation absurde qui a existé entre
ces deux facteurs soit totalement transformée. Jusqu'à ce jour,
on a imposé que le profit revienne au capital et le salaire au travailleur,
justifiant un pareil déséquilibre par le "risque"
assumé par l'investissement... comme si chaque travailleur ne mettait
pas en jeu son présent et son avenir soumis aux aléas du chômage
et de la crise ! Mais la gestion et le pouvoir de décision à
l'intérieur de l'entreprise sont également en jeu : le profit
non destiné au réinvestissement dans l'entreprise, non destiné
à son expansion ou à sa diversification, dérive vers
la spéculation financière. Le profit qui ne crée pas
de nouvelles sources d'emploi dérive aussi vers la spéculation
financière. Par conséquent, les travailleurs doivent orienter
leur lutte pour obliger le capital à un rendement productif maximum.
Mais ceci ne pourra pas se réaliser sans le partage de la gestion et
de la direction. Comment éviter autrement les licenciements massifs,
la fermeture et le vide généré dans les entreprises ?
Car le préjudice majeur réside dans le sous-investissement,
la faillite frauduleuse, l'endettement forcé et la fuite des capitaux,
et non pas dans les bénéfices résultant de l'augmentation
de la productivité. Et si on insistait pour que les travailleurs confisquent
les moyens de production suivant les enseignements du XIXe siècle,
il faudrait alors tenir compte du récent échec du socialisme
réel.
Quant à l'objection : "encadrer le capital, comme est encadré
le travail, produit sa fuite vers des lieux et des zones plus profitables",
on peut répondre : ceci ne se produira plus très longtemps,
puisque l'irrationalité du schéma actuel mène ce capital
à sa saturation et à la crise mondiale. Cette objection, outre
sa totale immoralité, ignore le processus historique du transfert du
capital vers la banque. Par ce transfert, le chef d'entreprise lui-même
devient un employé sans pouvoir de décision, à l'intérieur
d'un circuit dont l'autonomie n'est qu'appa rente. Par ailleurs, au fur et
à mesure que la récession s'accentuera, les chefs d'entreprises
commenceront eux aussi à prendre en considération ces différents
éléments.
Les
humanistes ressentent la nécessité d'agir non seulement dans
le domaine du travail, mais aussi dans le domaine politique pour empêcher
que l'Etat ne soit un instrument du capital financier mondial et pour obtenir
que la relation entre les facteurs de production soit juste et pour rendre
à la société son autonomie accaparée. "
Ainsi
donc, le Parti humaniste en France déclare que l'intégration
économique européenne ne sert pas aux Européens mais
au capital mondial. En effet, le chômage augmente, les acquis sociaux
sont balayés d'un trait de plume au gré d'une décision
du Conseil des Minitres qui décide de tout, les individus et les peuples
sont bafoués dans leur sensibilité particulière et les
"lois économiques" servent d'argument définitif à
la seule valeur qui vaille : le profit. Derrière les lois du marché,
se cache l'individualisme, l'opportunisme et le pragmatisme cynique des hommes
et des femmes qui ont mené et mènent ce processus d'unification
européen.
Face
à cela, nous affirmons qu'il est temps de sortir de cette erreur historique
et proposons un changement radical, à savoir :
il ya de la richesse en Europe et en France,
il y a des états nationaux et un para-état européen,
il y a des lois du marché qui commandent à tous.
Donc, il incombe à tous
et à chacun de prendre position pour ou contre le changement de ce
processus économique toujours plus déshumanisant, c'est-à-dire
que les peuples, que l'Europe réelle prennent le pouvoir sur les "lois
du marché" actuelles.
Pour cela, nous proposons ce qui suit :
redistribution de la richesse ;
réciprocité entre les nations vers un mieux-disant socio-économique
et solidarité constructive envers les pays du reste du monde ;
inversion des lois du marché au profit des gens et non au bénéfice
de quelques-uns.
Pour ce faire, pendant qu'il
est encore temps, il est nécessaire de prendre les dispositions légales
suivantes :
1- Encadrement du capital
:
- Imposition des capitaux
non productifs et spéculatifs (mobiliers et immobiliers) au même
titre que les salaires. Cette mesure devra permettre d'annuler en trois ans
la dette européenne à l'égard de la banque qui s'approprie
la richesse produite par ses clients en étant peu ou pas fiscalisée.
- Utilisation des fonds détenus par les compagnies d'assurance à
des fins productives et non spéculatives.
- Création d'une banque sociale sans but lucratif dans chaque pays
de l'UE et d'une banque sociale européenne. Ceci permettra le développement
de la créativité économique et productive de chaque chômeur.
Les fonds nécessiares au fonctionenment de ces bnaques proviendront
des bnaques privées dûment fiscalisées ainsi que des pénalités
infligées pour sous-investissement, faillite frauduleuse, endettement
forcé, fuite des capitaux et trafic de narcotiques.
2- Loi de cogestion :
- Les travailleurs seront
en parité avec les propriétaires quant aux décisions
concernant la gestion et la direction de l'entreprise, ceci afin de stopper
le sous-investissement qui freine la productivité créatrice
d'emplois et d'empêcher le détournemnet des profits de l'enterprise
à des fins spéculatives.
3- Modification de la
fiscalité des personnes physiques :
- Suppression des contributions
sociales généralisées, qui affectent gravement les ressources
des plus défavorisées, et compensation des taxes à la
valeur ajoutée pour les revenus n'atteignant pas 1 000 euros par mois.
4- Commerce extérieur
:
- Suppression du commerce
armementiste et priorité absolue aux accords de coopération,
basés sur la réciprocité en matière d'éducation,
de santé et d'équipement civil destinés à l'amélioration
des conditions de vie quotidienne des nations partenaires.
- Suppression des dettes contractées par les pays tiers et remboursement
des intérêts indûment perçus pendant des décennies,
voire des siècles. Cela aura l'avantage de placer les parties prenantes
en situation de réciprocité.

4- Bibliographie

- L'Europe économique.
Bertrand Commelin. Editions du Seuil. Mars 1997.
- L'Europe en chiffres.
Eurostat 1995. CECA-CE-CEEA
- Lettres à mes amis.
Silo. Editions Références. 1995
- Le Monde de l'Economie.
Mardi 12 janvier 1999.

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